Saint Sébastien

St Sébastien,
Grand Place de Bruxelles

Point de vue historique

Croyant ou non, il est de bon ton qu'en tant qu'archer, on sache que les tireurs à l'arc ont depuis le quatrième siècle un saint patron qui n'est autre que Saint Sébastien.

Né probablement à Milan, il vint se faire enrôler à Rome, dans l'armée romaine, vers 283. Dioclétien le nomma capitaine de la garde prétorienne mais fut informé peu après que Sébastien était chrétien. En effet, il passait régulièrement dans les prisons pour secourir et encourager les victimes des persécutions. C'est ainsi qu'il soutint les confesseurs de la foi Marc et Marcellien, et parla en des termes tellement élogieux du Christ que d'autres prisonniers se convertirent. Même le gouverneur de Rome, qui passait par hasard dans le couloir des géôles, embrassa la foi et relâcha les chrétiens prisonniers.

Arrêté, Sébastien est condamné à mourir percé de flèches par ses propres soldats archers. Ceux-ci le criblèrent de flèches en prenant soin de viser des endroits non vitaux de leur commandant. On le laissa pour mort au pied du poteau où il avait été attaché; mais Irène, pieuse veuve de Saint Catulle, releva Sébastien encore vivant et soigna ses blessures.

Guéri, Sébastien alla se poster sur le passage de Dioclétien pour proclamer sa foi. L'empereur, surpris à la vue de son capitaine qu'il croyait mort et exaspéré de son insolence, ordonna de le faire lapider (ou rouer de coups de bâtons d'après d'autres sources) et de jeter son corps à l'égout de Rome (le Cloaca Maxima). Ceci se passait le 20 janvier 290 (1). Une matronne romaine chrétienne retrouva le corps et fit enterrer dans les catacombes sur la Voie Appienne.

(1) C'est pourquoi, le 20 janvier a été choisi comme jour anniversaire de la Saint Sébastien.

Pour les théologiens avertis

Sébastien est un saint militaire et son culte a eu une immense diffusion au moyen-âge.

Il était cependant déjà honoré au 4ème siècle mais ce ne fut qu'au 5ème siècle qu'on lui fabriqua une Passion circonstanciée où les hagiographes et les artistes purent trouver les détails qui leur manquaient. On lui prêta le pouvoir d'arrêter les épidémies de peste car en 680 lorsqu'une d'entre elles faisait rage à Rome, on mena ses reliques en procession et la peste cessa. C'est depuis lors que Saint Sébastien est également associé à la guérison de la peste. On l'invoque également contre l'épilepsie.

Point de vue artistique

De nombreuses œuvres d'art représentent Saint Sébastien, mais pour nous Bruxellois, c'est le tableau de Memling que nous préférons. ll représente le Martyre de saint Sébastien . Il est peint sur bois (chêne), 67x 68. On peut l'admirer au Musée d'Art Ancien, rue de la Régence à Bruxelles.

A propos du tableau

Le grand représentant de l'école brugeoise pendant le dernier tiers du quinzième siècle est sans aucun doute Hans (Jan) Memling. C'est lui qui transplanta à Bruges le style de Van der Weyden. Le tableau étudié ici est fort représentatif de l'art de Memling. Il fut probablement réalisé pour le compte d'une guilde d'archers (pour la guilde de Bruges selon Wauters). Le Musée d'Art Ancien l'acquit en 1884. Cette œuvre est le reflet fidèle du climat de la vie brugeoise au quinzième siècle. Elle respire le luxe, le calme, mais non la volupté.

Elle consacre cet art de rêve et cet immobilisme emprunté à Bouts. Saint Sébastien nous regarde sans grande souffrance apparente. Il semble s'offrir avec complaisance aux flèches des archers. Aucun visage ne reflète de la haine ou de la violence. Malgré la gravité du moment, tout semble dans un décor apaisé. les tons sont pastels, seul un manteau rouge nous rappelle malgré tout le prix du sang. Remarquons également la luminosité du paysage.

La composition est remarquable d'équilibre et nous suggère une intimité douce et rassurante que viennent encore renforcer les attitudes paisibles, presque figées, des personnages. Le style un peu mièvre de Memling nuit de nos jours à la réputation de cet artiste, mais cette suavité sensible ne fait-elle pas rêver? Rêver... n'est-ce pas là un élément agréable et indispensable à notre court passage sur cette terre ?