2 - Origines

Essayons de nous représenter la situation géographique de notre village aux premiers siècles de notre ère. Nous sommes en bordure de LA LYS, en MORINIE, en amont de la plaine flamande. Zone de terres marécageuses fréquemment inondées par la rivière qui reçoit les eaux du Haut Pays, le sol, sillonné de fossés de drainage naturels, est difficile à parcourir.

Jadis, la forêt recouvrait ce pays qui servait de frontière entre Morins, Atrébates et Ménapiens ( 1 ). C'est ici, sans doute, qu'il faut chercher les marais-refuges où Morins et Ménapiens trouvaient des abris au moment de la conquête de la Gaule par Jules César (voir “ nos ancêtres les Belges ” ). C'est en tout cas, à l'époque gallo-romaine que se situe le premier signe certain d'habitat sur notre territoire. Des restes d'occupation antique ont été repérés lors de l'exploitation de la carrière des ÉTAIS (qui, ne l'oublions pas, est propriété de la Commune de Mametz, mais appartient au terroir de Rebecques...) Ces restes ont été trouvés à plusieurs mètres de profondeur, sous une épaisse couche d'alluvions qui montrent un exhaussement considérable du lit de la rivière. Ailleurs, le long du CHEMIN DU PIRE qui était une voie romaine, des tombes à inhumation ont été repérées du côté thérouannais, tandis que des traces d'habitation, tessons et poteries ont été relevées du côté créquois. Il semble que ce secteur ait été encore un lieu de sépulture au IVème siècle, comme à l'époque mérovingienne, à Mametz, à l'endroit que nous appelons encore aujourd'hui “ LE TOMBEAU ” (emplacement de la Grotte de Lourdes, rue du Moulin).

Ace moment, aucune voie traversant le paysage n'est réellement connue, à part les voies romaines : le Chemin du Pire et la Chaussée Brunehaut (qui ne sera baptisée ainsi que quelques siècles plus tard). La route de Cassel à Thiennes rejoint Thérouanne à Saint Martin en passant par Rincq . Nos ancêtres devaient donc se contenter de sentiers, là où il en existait...

Voilà, succinctement décrits, les lieux où naquirent nos trois villages. Quand ? ..Nous ne saurions l'affirmer avec certitude. CRECQUES apparaît dès le XIIème siècle dans les textes latins (KERSEKA, 1119 ; CRESSECA, etc...) puis dans la forme francisée CRESEKES, et CRESEQUE au début du XIIIème siècle. On peut penser qu'il s'agit d'un nom gallo-romain : CRISIACUM (Domaine de Crisius). Alors qu'ailleurs le même patronyme est devenu CRECY (lieu d'une célèbre bataille), ici, il a gardé une forme plus ancienne à cause de la germanisation de notre région, après les grandes invasions qui vont, du Vème aux Xème et XIIIème siècles. Une autre interprétation, sûrement plus fantaisiste pourrait favoriser le nom germain de KERICKO : pays des créquiers (pruniers demi sauvages). Quoi qu'il en soit, en 1160, CRESEQUE ou QUERECQUE est un fief tenu en partie de l'Évêque de Thérouanne et en partie du Château d'Aire. Son premier seigneur connu est Anselme, et un acte de 1202 fait état du château de CRESEQUE. Un des descendants d'Anselme, Robert, fonde vers 1200, le Prieuré de Saint André les Aire, de la Paroisse de Witternesse, du consentement et avec approbation de LAMBERT, Évêque de Thérouanne. Le même céda en 1210, à l'Abbaye de Saint Augustin, ses droits sur la Paroisse de MARTEQUE (Marthes).

Ce dernier fait est le seul qui nous prouve, à cette époque, l'existence de MARTHES dont le patronyme avait, à l'origine, la même forme finale que Crecques (MARTEKE, 1299). Les deux villages sont aussi anciens l'un que l'autre mais la fondation de Marthes est plus obscure.

Il semble que MAMETZ soit de fondation plus récente, bien qu'un certain M. HARBAVILLE, dans “ Le Mémorial du Pas-de-Calais ” ait attribué la maternité du village à une vierge anachorète du nom de MAMEZIÉ qui se serait retirée en ce lieu vers 640. Aucun écrit et aucune tradition orale ne permettent d'accréditer cette thèse qui s'avère purement imaginaire ... Ah ! ... Si cela était prouvé ! ... Voilà qui donnerait libre cours à bien des suppositions et permettrait à nos imaginations de s'élancer au galop à la suite de quelque légende exploitable et valorisante (quoique... à la rigueur... ce pourrait être un filon pour un romancier en mal de copie...) Mais, soyons sérieux, la réalité, telle que la conçoivent les historiens est plus terre-à-terre : Selon ces doctes personnes, les formes médiévales du mot MAMETZ sont Maumès ou Maumèz, c'est-à-dire : mal mès, mauvais mèz (mes ou mèz : maison avec ses dépendances) et ne peuvent remonter qu'au XIème siècle au plus tôt, au temps des grands défrichements qui virent se créer notre paysage rural. La source la plus sûre attribue la fondation du village à un certain JEAN DE MAMEZ (qui n'a rien à voir avec un autre Sire du même nom qui fonda notre homonyme picard). Il est curieux de constater qu'on trouve aussi à Mametz, dès le XIIème siècle, un Seigneur de MAUBUS (c'est-à-dire mauvais bois) devenu aujourd'hui MONBUS.