P'tit Belgique

A quand remonte le nom incontournable de ce quartier ?
Probablement des années 1890... mais on ne saura jamais qui l'a employé le premier !

Vers le milieu du XIXème siècle, Haubourdin continue de s'industrialiser et un nouveau quartier se bâtit vers le sud, dans la direction d'Emmerin, au-delà de l'église. Avec la construction d'une filature et pour son aménagement, machines et métiers sont venus d'Angleterre, accompagnés de monteurs et d'ouvriers spécialisés. Tous habitent soit chemin d'Emmerin (actuelle rue du Général Dame) soit carrière Chivoret (actuelle rue Gabriel Péri) constituant alors plus du 10ème de la population d'Haubourdin qui, de 2 326 habitants en 1835 est passé à 4 434 en 1872, pour atteindre 7 851 en 1899.

A partir de 1850, il y a donc un flux de familles belges dans toute la région. Ce ne sont plus des ouvriers agricoles saisonniers venus faire la moisson, battre le blé, récolter betteraves ou pommes de terre, mais des travailleurs de toutes professions, quittant définitivement leur pays surpeuplé et alors touché par la crise.

On retrouve les professions suivantes : briquetier, tanneur, tisserand et journalier agricole mais aussi boucher, tonnelier, maçon, peintre en bâtiment, marbrier, cordonnier, jardinier, horloger... A leur arrivée, les nouveaux venus devaient en principe se faire inscrire en Mairie pour être en règle (séjour, livrets d'ouvriers, etc.). Mais il semble que nombre d'entre eux aient négligé de le faire, sans doute par crainte des formalités administratives ou d'une taxe à payer... Mais par la suite on enregistrera de nombreuses naturalisations.

Bien des familles haubourdinoises toujours existantes sont d'origine belge “finalmint, chés flamints i sont dev'nus tertous eud'bons haubourdinois !!

Si certains viennent du Hainaut francophone (région de Tournai et d'Antoing), la plupart sont originaires des Flandres. Ils ne parlent que le flamand, tutoyant tout le monde, même leur patron, s'habituant difficilement à notre langue française, employant le masculin pour le féminin, et vice-versa... D'où l'appellation "le P'tit Belgique" et surtout pas : la Petite Belgique !

Grâce à ces gens aimant le travail bien fait et friands de réjouissances populaires, le quartier sera en 1927 la patrie de Pitche (de Pieter ou Pierre) et de Mitche (Marie : prononciation Mietje) les deux bons géants" du quartier.

Source : Atelier d'histoire locale - Haubourdin mag' N°62 - Janvier 2007