La Motte

L'existence d'une motte - hélas maintenant disparue - est d'une importance certaine à la fois pour l'histoire des origines d'Haubourdin et pour la connaissance de l'habitat du haut Moyen Age dans la région. (carte Cassini et diaporama )

Les historiens de la “Vallée de la Deûle” ont tous remarqué que cette calme rivière avait joué le rôle d'un important centre de peuplement de la région du Nord, aux époques les plus reculées. La documentation reposait essentiellement sur les découvertes du siècle passé, à une époque où précisément les travaux de canalisation et d'extraction de tourbe ont livré du matériel essentiellement dans les vallées. Mais les recherches récentes dans la région du Weppes ont confirmé la première impression des historiens.

Quelques découvertes dues au grand géologue lillois Ladrière témoignent de cette occupation : pierres à aiguiser en arkose et haches polies. Quelques objets de l'époque gauloise ont été aussi découverts : tessons de poteries recueillis sous la tourbe ainsi qu'une monnaie gauloise avec un coq au revers. D'après une étude récente, ce type de monnaie est rarissime dans la production monétaire des peuples gaulois. On sait en effet que le territoire de la “Gaule Chevelue” est partagé entre de nombreux peuples. C'est du peuple des Ménapiens (Nos ancêtres les Belges ) que fait partie Haubourdin plus précisément sur sa frange méridionale. Peuple longtemps insoumis malgré les nombreuses tentatives des légions de Jules César. De nombreuses poteries de l'époque romaine ont été aussi trouvées le long de la route d'Emmerin, dans les carrières avoisinantes.

Le site d'Haubourdin est à ce sujet l'objet d'une discorde entre historiens de l'époque romaine : est-il oui ou non le point de passage d'une voie romaine entre Estaires et Tournai ? “L'itinéraire d'Antonin” nomenclature des routes de l'empire romain, avec les principales étapes et les distances intermédiaires montre qu'en Gaule du Nord une route reliait Estaires (Minariacum) à Tournai (Turnacum).

Le resserrement de la Deûle à Haubourdin, les découvertes d'objets antiques, des lieux-dits évocateurs à Loos (chemin de Tournai), la mise au jour d'une portion de la voie romaine à Bouvines, sont autant d'arguments en faveur d'un tracé de la voie romaine Estaires Tournai par Haubourdin encore qu'un doute s'élève du fait que la distance indiquée par les géographes romains (22 lieues soit 65 km) ne corresponde pas à la distance Estaires Tournai. A quoi s'ajoute l'absence de tout vestige de route antique entre Bouvines et Haubourdin. La science archéologique est devenue très rigoureuse : tant que le terrain n'a pas livré des preuves décisives il vaut mieux s'abstenir de toute hypothèse.

Haubourdin station d'une voie romaine citée dans les textes antiques ? Le débat reste ouvert mais subsiste néanmoins la certitude d'une voie de communication importante à Haubourdin dès l'antiquité vers le Sud-Ouest en particulier (voie de pénétration naturelle confirmée - ô combien ! - au cours des journées tragiques de 1940.

Aucune découverte n'est venue apporter une lumière sur les temps mérovingiens à Haubourdin ; mais la présence d'une motte atteste l'importance qu'attachaient les seigneurs au Haut Moyen Age à ce site de passage. La motte est une éminence de main d'homme, un monticule artificiel entouré de vastes fossés. On y édifiait une construction en bois entourée de palissade, et souvent flanquée d'une ferme pour assurer le ravitaillement en vivres des seigneurs voisins. (Plan Haubourdin en 1789 )

Toute la région de Lille est constellée de mottes : certaines sont encore très visibles (Motte des Epinoy à Carvin, le long de la route vers Lens, Motte de Sainghin-en-Mélantois, Motte du Plouich à Phalempin) ; d'autres sont disparues (la Motte Madame à Lille où fut construite la cathédrale Notre-Dame de la Treille). Comme la Motte de Flers-Breucq sur la Marque (en cours de fouille), la Motte d'Haubourdin, ancêtre des châteaux forts permettait de garder militairement une voie de communication commandée par la géographie.

L'histoire des origines d'Haubourdin n'en est qu'aux balbutiements. La parole est maintenant aux jeunes archéologues d'Haubourdin qu'ils surveillent les tranchées de construction d'immeubles et de travaux routiers ! Il reste sûrement à découvrir et à recueillir des tessons gaulois ou gallo-romains ! Humbles témoins du passé ces vestiges constituent les documents irremplaçables pour une reconstitution historique difficile par la pauvreté des sources mais passionnante par les espoirs qu'elle recèle.

Source : Haubourdin dix siècles d'histoire - Augustin Laleine et Mairie d'Haubourdin - 1972