Jardin public : d'hier et d'aujourd'hui

L'inauguration est pour bientôt ! Avec ses nouvelles aires ludiques et culturelles, son emprise végétale en plein développement et ses contours repensés, le jardin public que vous avez progressivement découvert depuis plusieurs mois n'a plus grand chose à voir avec un espace vert qui avait perdu de sa superbe au fil des années et méritait une cure de jouvence. C'est peut être l'occasion de se pencher sur la mémoire de ce lieu central d'Haubourdin et qui fut le témoin de maints épisodes de son histoire...

Il s'agit d'une “vaste demeure agrémentée d'une longue façade rythmée et nombreuses fenêtres qui remplissent l'édifice de lumière. Une planche de la cuisine porte la date de 1714. Les combles situés au deuxième niveau sont dominés par des cheminées élancées. Sur la toiture s'appuie une élégante tourelle hexagonale surmontée d'un bulbe. Du côté du parc, son attrait est constitué d'une imposante verrière égayée de larges baies vitrées. A l'intérieur de la demeure, à l'architecture de la bourgeoisie du 18ème siècle, les salles présentent de magnifiques boiseries, une sellerie, des serres, une orangerie, un salon, une grande salle de billard.” (voir Château Vanderhaghen)

La maison de campagne et ses dépendances étaient occupées par le propriétaire M. Albert Vanderhaghen (voir Albert Vanderhaghen)qui y est décédé le 24 février 1907, actuellement libre d'occupation. Les trois petites maisons dont une à usage de cabaret et les deux autres à usage de journaliers sont louées à M. Léon Potié brasseur à Haubourdin pour neuf années consécutives qui ont pris cours le 1er septembre 1900.

Origine antérieure de la propriété

Cette propriété est acquise le 27 octobre 1880 par Albert Vanderhaghen pour la somme de 150.000 francs à M. Benjamin Norbert Eugène Corenvinder, officier de la Légion d'Honneur et Dame Caroline Eléonore Lepers domiciliés rue Solférino à Lille. Ces derniers avaient acheté cette propriété, le 24 octobre 1864, à Mme Félicité Marie Mercedes Urrutia propriétaire à Haubourdin veuve en première noce de M. Joseph Marie Decroix et en seconde noce de M. Guislain Gustave Menche.

Le dit bien faisait autrefois partie d'une propriété plus considérable comprenant en superficie 3ha 86a 34ca suivant titre et 3ha 67a 62ca par mesurage appartenant à Mme Alexandrine Henriette de Savary veuve de François Alexandre Quecq d'Henriprez. Cette propriété fût vendue à concurrence de 5/6 à Mme Menche pour “le remploi de deniers à elle propre et qui faisait partie de son apport en mariage” et le dernier sixième à Mr Jean-Baptiste Eugène Joseph Cordonnier Voir généalogie propriétaire et brasseur à Haubourdin par un acte en date du 7 octobre 1844.

Le jardin public pendant la première guerre mondiale

La Municipalité dirigée par Auguste Potié (voir Auguste Potié) décide de revendre une partie de la propriété afin de pouvoir agrémenter et entretenir le parc. La cession correspondant aujourd'hui à la Maison de retraite la Verderie, à la Bibliothèque municipale, et enfin à la Perception, est faite au bénéfice de M. Brabant industriel dans la commune (voir château Brabant).

La municipalité décide la construction d'un kiosque. Le devis estimatif de l'époque réalisé par l'architecte Fidèle Lhermitte nous apprend qu'il s'agit d'un kiosque roulant.

Le kiosque roulant se composera de deux camions dont la plate-forme de chacun aura 200 x 600 cm et en plus une plateforme mobile de 100 x 600, se repliant sur la balustrade, balustrade sur trois côtés du camion. Le tout était monté sur quatre roues avec bandage aciéré. Les travaux de réalisation avaient été effectués par Paul Craon entrepreneur à Haubourdin. Le 14 septembre 1904 le kiosque était réceptionné.

Par une délibération en date du 20 février 1914, le conseil municipal décide de pourvoir au remplacement du kiosque roulant par un kiosque à musique fixe. Les plans et devis sont réalisés par Jules Saerens Voir généalogie , architecte. La commune sollicite une procédure d'urgence pour diminuer le délai d'affichage, auprès de l'autorité préfectorale, car les concerts d'été débutent au mois de mai. Les travaux seront réalisés par l'entreprise Henri Planque fils d'Haubourdin. Le 2 août 1914 la mobilisation générale est décrétée.

Eugène Thibaut Voir généalogie habitait 20 rue de la Gare en face du jardin public et de la place de la Bascule. Il fût un témoin privilégié des événements qui se passèrent dans ce lieu. De plus il ouvrit un journal : “Notes prises le jour le jour, au coin de l'exacte vérité, sous l'impression des événements malheureux, qui se déroulèrent durant la triste guerre” (Voir Journal Eugène Thibaut ).

La renaissance du jardin

Puis vient l'année 1920. C'est une période de reconstruction. Le nouveau kiosque dû à Jules Saerens est achevé. La toiture est en tuiles à écailles rouges, le plafond en sapin à baguettes et boiseries. La réception définitive n'intervient que le 28 juillet 1920. La réalisation de l'installation électrique confiée à l'entreprise Barthier d'Haubourdin sera réalisée en août 1920. La création d'un monument aux morts est décidée. L'implantation du monument est dessinée par l'architecte F. Lhermitte, le monument (Haubourdin à ses enfants morts pour la Patrie) étant l'œuvre du sculpteur Henri Augustin Soubricas (né à Lille).

A la demande de la Municipalité sont ajoutés en 1921, 2 canons d'artillerie et 12 obus. Le Château abritera, le Conseil des Prud'hommes, la Bibliothèque municipale, la Caisse d'Épargne et la Fanfare Municipale pour ses répétitions. En 1922, le bureau de l'Octroi dû à l'architecte Lhermitte est construit à l'angle du jardin public sur la place de la Bascule. En 1953 le Maréchal Juin remet officiellement la Croix de Guerre à la ville d'Haubourdin dans le jardin public.

Notre jardin poursuit son existence quand, en 1958, Jean-Jacques Bridenne (attaché à l'INSEE - une école de la commune porte son nom) dans un document intitulé, Haubourdin - Enquête documentaire, nous décrit l'état de notre jardin. “Le jardin de ville, situé rue Sadi Carnot, un peu avant d'arriver à la Place Frémaux (Mairie) couvre une surface de 20 ares. Il provient du leg d'un important propriétaire haubourdinois (Albert Vanderhaghen Voir généalogie ) et constitue un lieu riant et reposant qui tranche sur l'aspect urbain le plus fréquent. Là comme sur la Place Clemenceau, les jeux d'enfants ne sont pas oubliés. En outre, on y trouve un kiosque à musique. Ce qui est à regretter c'est le mauvais entretien de l'ancien bâtiment d'habitation qui ne manquait point de cachet et dont nous avons vu, qu'il abrite la Justice de paix, la Bibliothèque municipale, des cantines, après avoir abrité aussi le Poste de police, le centre médico-scolaire et médico-sociale, certains cours de l'École Jules Ferry, etc.”

Puis en 1960, c'est le grand nettoyage. Le kiosque à musique est abattu pour laisser place à une fontaine lumineuse en mosaïque bleue pâle avec jet, et bassin surélevé d'une vasque de 6 lampes. Il y a même un bac à sable avec un abri en dur.

Les murs d'enceinte sont arasés, le château est détruit et à sa place on construit un parking, un arrêt de bus et des toilettes.

Le poilu fait demi-tour pour se tourner vers la rue Sadi Carnot. Enfin en 1985 le bâtiment de l'octroi est supprimé.

Source : Atelier d'histoire locale - Haubourdin magazine N°55 - Septembre 2005