Inventaires de l'église Saint Maclou

Dans le cadre de la séparation de l'Église et de l'État une loi du 9 décembre 1905 ordonne la mise en place d'inventaires des objets et des biens d'Église.
A Haubourdin, la paroisse St Maclou connaîtra des heures tumultueuses à propos de cette décision législative qui souleva l'hostilité des catholiques dans toute la France

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Inventaire de l'église en 1906 après la séparation des Biens de l'église et de l'état

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Les barricades de chaises devant l'église

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La défense du vitrail.

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Le grand portail enfoncé.

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L'intérieur de la sacristie.

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Une carte postale regroupant une vue sur la barricade de chaises, un vitrail brisé et le confessionnal.

Avec la Loi du 9 décembre 1905 sur la séparation de l'Église et de l'État, éclate dans toute la France une guerre de religion. Une disposition législative qui réaffirme la liberté de culte, supprime le traitement des prêtres et limite l'initiative des congrégations religieuses. Mais c'est l'annonce du projet de loi qui met le feu aux poudres : son article 3 ordonne la mise en place d'inventaires des objets et biens de chaque paroisse.

À Haubourdin, cette décision ne s'applique pas sans heurt ; l'église Saint Maclou connaîtra des incidents violents qui dureront plusieurs jours.

Déjà, auparavant en mars 1882, les catholiques haubourdinois avaient conservé dans leur mémoire que l'école était devenue laïque et obligatoire, aboutissant à la suppression des cours de religion.

Dans notre commune, deux cents fidèles sont appelés à la résistance calme, ferme et irréductible. Des chaises sont empilées à l'intérieur de l'église Saint Maclou, réunies par des fils de fer, des perches armées de clous repoussent les attaques et des madriers sont placés derrière le portail du sanctuaire. Des troupes arrivent alors par trains, venant de Lille pour assurer la protection des opérations d'inventaires. A l'extérieur, sur le parvis, on peut voir un escadron de chasseurs à cheval, trois compagnies de chasseurs à pied, deux pelotons de gendarmes à cheval.

Les sommations d'usage sont faites à l'abbé Catteau “Ouvrez au nom de la Loi !”

Les agents des Domaines parviennent à pénétrer à l'intérieur de l'église, provoquant une véhémente protestation de l'abbé Catteau qui déclare : “cette Loi sacrilège, injurieuse pour Dieu, viole le droit naturel des gens, renversant la justice gravement offensante pour le Saint Siège”.

Finalement, I'inventaire du mobilier religieux aura quand même lieu, tandis que les fidèles récitent le chapelet.

Ainsi, dans une atmosphère anticléricale, les paroissiens de l'église Saint Maclou s'étaient soulevés, dans une passion violente contre l'instauration du nouveau régime qui devait fixer les rapports juridiques de l'Église et de l'État.

L'opération des inventaires avait provoqué la crainte d'une confiscation des biens de l'église Saint Maclou, mais elle avait eu la sagesse de maintenir le rattachement du mobilier religieux au sanctuaire.

Agitation passée qui fait dire aux Shakespeariens “Much ado about nothing” (Beaucoup de bruit pour rien).

Source : Pierre BEETS - Bulletin municipal N°48 - Décembre 2003