Comte d'Hespel : Maire d'Haubourdin

D'une famille d'ancienne noblesse, le comte Edmond d'Hespel (1828-1902) Voir généalogie occupa le fauteuil de premier magistrat de la commune d'Haubourdin pendant 22 ans, de 1864 à 1876 et de 1882 à 1892. Une avenue de la ville perpétue sa mémoire depuis 1999.

Dans le tableau chronologique listant les maires d'Haubourdin (les maires d'Haubourdin ) qui remonte à l'année 1553, figure le nom d'Edmond d'Hespel.

Ce premier magistrat de la commune a eu la particularité de se distinguer d'une part par sa longévité à la direction des affaires de la cité pendant 22 ans (suivi plus tard par les maires Auguste Potié, 35 ans, et Paul André Lequimme, 27 ans) et d'autre part par ses origines nobiliaires. Un regard attentif posé sur la liste des titres de sa famille laisse découvrir l'existence d'un Pierre d'Hespel, écuyer Seigneur du Rietz, échevin en 1528. Cette nomenclature d'actes authentiques révèle également que quatre membres de la famille d'Hespel ont donné des marques d'attachement à la France en prêtant serment de fidélité au roi Louis XIV en 1677.

Né à Haubourdin le 13 décembre 1828, fils du compte Adalbert d'Hespel qui s'illustra comme chef de bataillon de la Garde Nationale et comme premier adjoint au maire de la ville, Edmond d'Hespel doit à ses origines son attachement aux valeurs morales et chrétiennes. Il passe plusieurs années dans l'administration préfectorale avant de se consacrer aux fonctions municipales qu'il assuma avec une impartialité et une efficacité qui lui feront découvrir des adversaires politiques mais non des ennemis.

Nommé maire d'Haubourdin par décret de Napoléon Ier, Empereur des Français, signé au château de Fontainebleau, Edmond d'Hespel interviendra sur les grands débats qui concernent la question religieuse. Il jouera un rôle important en défendant la cause des plus démunis et des humbles, notamment en agissant auprès du Bureau de Bienfaisance dans l'attribution des aides familiales. Ainsi, grâce à son action, l'école privée Les filles de la Sagesse recensera cent quarante-cinq élèves bénéficiant de la gratuité scolaire.

Grand défenseur de l'école privée - il est un bienfaiteur du pensionnat des Frères Maristes - le comte Edmond d'Hespel affronte en 1880 une guerre scolaire avec le républicain et futur maire Auguste Potié, au sujet de l'agrandissement de l'école laïque. Déjà, auparavant, il rencontrera l'opposition sur l'implantation d'une école subventionnée et congréganiste dirigée par les Frères Maristes (École Colombier ou Saint Georges) qui déclenchera au conseil municipal un débat houleux et agité entre conservateurs royalistes et républicains.

Profondément catholique, le comte Edmond d'Hespel préside en 1855 une commission pour la construction d'une nouvelle église en remplacement de l'église Saint Maclou qui ne répond plus aux besoins d'une population de 6 000 habitants.

Le projet, prévu à l'origine dans un lieu plus central, en bordure de la rue Sadi Carnot, sera abandonné et le sanctuaire agrandi sur place.

C'est sous son égide qu'a été déplacé en 1863, en raison de l'aménagement de la rue du Marais (rue Lhermitte), le calvaire monumental, construit en 1821, que l'on découvre rue du Cornet .

Sa santé fragile l'oblige à quitter la charge de maire ; il restera néanmoins conseiller municipal pendant dix ans jusqu'à sa mort.

Le comte Edmond d'Hespel, chevalier de l'ordre de Saint Grégoire le Grand, s'éteint voici juste un siècle, le 16 novembre 1902, à l'âge de 74 ans. Son rival politique à l'assemblée communale, le maire républicain Auguste Potié, déclarera à sa mort : qu'il avait été un homme foncièrement bon et un adversaire politique loyal, resté toute sa vie fidèle à ses principes. Le caveau de famille était placé à l'époque en dessous du chœur de l'église Saint Maclou. Le comte Edmond d'Hespel a su se faire aimer, en son temps, de toute la population haubourdinoise.

Le 20 décembre 1999, nos édiles lui rendirent hommage dénommant Comte d'Hespel l'avenue de la commune reliant la rue Fidèle Lhermitte à l'avenue de Lassus, non loin de l'emplacement où a existé autrefois avant 1917, son élégant château de style Renaissance, flanqué à chaque extrémité de deux ailes en retour d'équerre, entouré par un splendide parc paysager aujourd'hui disparu.

Source : Pierre BEETS - Magazine d'Haubourdin - N° 44 - décembre 2002