Gustave GRAU, peintre d'ici

Un artiste haubourdinois réputé dans le monde de l'art : le peintre Gustave Grau (1873-1919). Il a laissé une œuvre importante d'agrément et de témoignages historiques.

En entrant dans le hall d'accueil de l'hôtel de Ville d'Haubourdin, on remarquera un tableau de taille monumentale (2m86 x 1m83), représentant des "femmes au marché dans une halle" COO76. Cette fresque, vibrante et colorée, ornée d'un épais cadre de bois sculpté, surmonte l'escalier d'honneur qui accède à la salle du Conseil Municipal et à la salle des mariages. Elle est l'œuvre du peintre haubourdinois Gustave Grau. La valeur artistique incontestable de la toile et l'origine haubourdinoise de son auteur, ont aidé à la décision de nos édiles d'acquérir le tableau, en 1963, auprès de l'Hôtel des ventes de Valenciennes.

Né le 28 février 1873 à Haubourdin, rue du Bas Chemin (rue Gambetta), d'une famille de tradition bourgeoise Gustave Grau se révèle très vite doué pour la peinture. Ses souvenirs d'enfance ont pour cadre la nature qu'il admire. Dorénavant, dès l'âge de quinze ans, sa vocation s'affirme et se forge. L'idée de traduire sur ses toiles les humbles, mariniers, habitants des corons, ne le quittera plus, malgré les réticences des parents qui auraient préféré que leur fils se destinât à une carrière industrielle ou commerciale. Il s'inscrit aux Académies de Lille et Valenciennes, à Paris. Sa participation à diverses expositions annuelles lui donne l'occasion de faire progresser son talent et d'évoluer.

Gustave Grau s'impose donc comme un admirable peintre de genre. Sa carrière, assez brève, lui permet cependant de consacrer une large part de son temps aux portraits, paysages, scènes de vie quotidienne, activités traditionnelles de la région du nord.

Il reçoit les premiers éléments de son art de son maître Bonnat.

L'itinéraire artistique du peintre haubourdinois est jalonné de récompenses et de prix. Alors qu'il n'a pas vingt-cinq ans, il obtient une mention honorable en 1898, puis la médaille de troisième classe en 1901 et de deuxième classe en 1903. Cette année-là, une bourse de voyage Iui est accordée. Le peintre est comblé. Originaire d'Haubourdin, c'est néanmoins à Tourcoing qu'il est resté attaché. Dans la cité tourquennoise, la salle du Conseil est ornée de deux toiles marouflées de sa main : "l'exposition textile de 1906" et "Tourcoing en fête". Une autre toile montre la "visite du Président Fallières à Tourcoing". Il exécuta cette dernière en 1906, deux ans avant d'être décoré de la médaille de Chevalier de la Légion d'Honneur.

L'œuvre de grand format exposée à la Mairie d'Haubourdin révèle que Gustave Grau est un observateur lucide de la vie quotidienne. Ici, la toile a pour thème un marché dans une halle, frémissant de vie. Le tableau plaît par ses personnages saisis dans leurs occupations journalières et séduit par le charme et la fraîcheur des coloris. Il témoigne de la virtuosité technique du peintre.

Pendant la tourmente de la Grande Guerre, Gustave Grau est requis pour peindre le portrait de l'Empereur allemand Guillaume II. Son refus le condamne à être enfermé dans une forteresse. Libéré, il en ressort très affaibli. Sa santé se dégradant de jour en jour, il épouse son infirmière deux jours avant sa mort survenue le 30 avril 1919 à Champrosay.

Gustave Grau a conservé dans notre région une part de notoriété à travers les œuvres qu'il a exécutées à mi-chemin de la peinture d'histoire et du portrait collectif.

Source : Pierre BEETS - Magazine d'Haubourdin - N°26 - juin 1997