Cinématographe à Haubourdin

La toute première représentation publique de cinéma à Haubourdin date de 1909 : dans une grande baraque forraine installé tout au fond de la place la Motte (Clémenceau). La séance durait un peu plus d'un quart d'heure, et un bonimenteur expliquait ou commentait les images.

Il y avait foule, mais les plus prudents, craignant comme au Bazar de la Charité de Paris, en 1897, un danger d'incendie préféraient demeurer prudemment prés de la porte. D'autres, pas convaincus, iront s'assurer derrière la toile (l'écran) qu'il n'y avait effectivement personne !

Les témoins se souviennent qu'un film montrait la construction d'une ligne de chemin de fer dans une quelconque colonie. Les travaux de terrassements préalables vite montrés, c'était la pose des rails et aussitôt, un convoi passait. Tout cela en cinq minutes. Aussi les spectateurs incrédules s'estimaient-ils largement bernés !

La séance se terminait par une scène hilarante (sic) au cours de laquelle un mari et son épouse se disputaient en lançant de la vaisselle. Ce qui était souligné par un bruiteur dissimulé derrière un paravent, ou il cassait ou du moins remuait, des assiettes brisées. Les gens riaient aux larmes et très grand était le succès des images qui bougent.

En 1910, un manchot, nommé Lambert, qui avait déjà ouvert une salle à Seclin, arrivait à Haubourdin et acquérait un terrain contigu à la toute nouvelle place Blondeau. Il y faisait bâtir une salle de cinéma le cinématographe Lambert, qu'il accola, comme il se doit, à un estaminet.

Pour sa publicité, Lambert passait le samedi dans les rues d'Haubourdin en tirant ou poussant une baladeuses (voiture à bras) dans laquelle il y avait deux panneaux avec affiches illustrées. Un jeune aidait et distribuait des prospectus, rétribué par une entrée gratuite. Aux carrefours, Lambert s'arrêtait et sonnait une cloche pour rassembler les béards (badauds) et leur faire son boniment.

Les premières séances - soirée le samedi, matinée et soirée le dimanche - attirèrent peu de monde, mais ensuite, un important public populaire fur fidèle à cette nouvelle forme de spectacle. Traditionnellement, chaque séance se terminait par un court film comique (Calino, Gribouille, Rigadin, Max Linder …) ce qui avait l'avantage de décupler les rires des gens qui venaient d'assister, et souvent pleurer, à un sombre drame.

Vers 1912, le marchand de journaux Michel Vermeulen, qui tenait aussi un estaminet à l'entrée de la rue d'Emmerin, inaugura un cinéma concurrent, qui, dans ce quartier du “Petit Belgique(P'tit Belgique) avait toutes les chances de prospérer. Mais, arriver à la salle du fond, il fallait traverser le cabaret … et la sortie de secours donnait … sur les voies ferrées ! Peu après, il y eut des rixes, qui découragèrent les spectateurs tranquilles et la salle dut fermer.

Pendant l'occupation 1914-1918, les Allemands avaient réquisitionné le cinéma de la place Blondeau. Un certain nombre de séances y furent données à la troupe par le Soldatenkino. Un panneau placé contre le mur de la maison du docteur Bigo (actuel Crédit du Nord) portait cette indication : Soldatenkino : on devait le faire sauter qu'en 1920.

Après la délivrance, Haubourdin reçut, début 1919, une petite garnison de soldats français. Plusieurs fois, les hommes du service cinématographique des armées vinrent, avec leur matériel en camion, organiser des séances, auxquelles les civils étaient admis gratuitement.

Nous nous souviendrons toujours avoir vu là notre premier Charlot, un hilarant Charlot cambrioleur

Ce cinéma continua sa carrière jusqu'à la seconde guerre mondiale, sous les directions successives de MM. Jacquemetton et Colas, pour finalement être vendu par ce dernier et devenir en 1972, le magasin Frais Marché.

En 1919, un vicaire de St Maclou, l'abbé Marcel Droulers Voir généalogie , d'une riche famille de filateurs armentiérois, avança de ses propres deniers la somme nécessaire pour créer un cinéma catholique. Les toutes premières séances eurent lieu dans la grande salle du rez-de-chaussée de l'école du Sacré Cœur, puis dans la salle du patronage. Elles furent d'abord mensuelles, puis hebdomadaires (Patronage d'autrefois ).

Le but, avoué, était de concurrencer l'autre salle, et d'attirer un public familial par des films spécialement choisis, et le cas échéant, censurés.

Mais ici, une ligne artistique était tenue, ce qui n'était pas le cas place Blondeau, et c'est au ciné du patro qu'on put voir des films comme Christus, Manouk, Le signe de Zorro, Jeanne d'Arc, les films de Douglas Fairbanks, de Buster Keaton, etc.

Cette salle de la rue de la Gare, et celle de la place Blondeau s'équipèrent assez vite en parlant. La première prit alors le nom de “CINÉVOG”, l'autre celle de “CINÉLUX”.

La salle du patronage fermera en 1970.

Citons pour mémoire, l'essai -financièrement désastreux- d'un cinéma municipal, dans la salle des fêtes de la mairie, vers 1925-27 et celui d'un autre cinéma paroissial à l'Heurtebise, par l'abbé Henri Chavatte  Voir généalogie , à peu près à la même époque.

Source : Transcription d'un texte dactylographié, auteur inconnu