Chemin de fer

En 1924 avec le projet de construction de la ligne ferroviaire Haubourdin - Saint André, le passage à niveau de la rue Gambetta a bien failli disparaître pour laisser place à un pont supérieur. Malheureusement les extrémités de ses rampes aboutissaient à l'intérieur de l'école Coligny et dans la cité Jacquard. Finalement, pour préserver ces bâtiments l'ouvrage ne verra jamais le jour.

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L'apparition du chemin de fer à Haubourdin date de 1867. Cette année-là, le premier train en provenance de la capitale des Flandres rejoint Béthune en passant par notre commune. Une arrivée qui fera évoluer le mode de vie des Haubourdinois. Pendant des décennies, les auberges - estaminets de la ville servant de relais d'étapes pour les coches, berlines, diligences, voitures de poste et plus tard omnibus à chevaux. C'est à cette époque que la Compagnie des chemins de fer du Nord inaugure la gare d'Haubourdin au milieu d'une nombreuse assistance.

Pavoisée, la commune est en fête. Machines vibrantes, volutes de fumée, jets de vapeur et coups de sifflets font dorénavant partie du décor. Cette même année, est ouverte la rue de la Gare qui présente la caractéristique d'être bordée d'établissements religieux : le Pensionnat Saint Joseph transformé plus tard en petit séminaire, le Patronage Saint Louis de Gonzague, le cercle catholique Saint Joseph et enfin l'école du Sacré Cœur (école Saint Michel) (Patronage d'autrefois ).

Au cours des années suivantes, des prolongements de voies raccordent Ronchin à Lille, traversant le territoire communal.

En 1924, la Compagnie de chemin de fer du Nord décide la reconstruction de la station de voyageurs, nom primitif de la gare d'Haubourdin, abîmée lors de la tourmente de la Grande Guerre. Le bâtiment et les installations seront élargies, en même temps qu'existe un projet de ligne nouvelle à double voie, contournant Lille.

Les archives municipales attestent d'un conflit entre les édiles du Conseil Municipal d'Haubourdin et la Compagnie ferroviaire, qui fait exécuter, sans les autorisations réglementaires, des travaux d'extension de la gare sur le domaine communal. Ces dissensions disparaitront et la gare d'Haubourdin contribuera au développement économique de la région lilloise.

Le schéma du projet est audacieux. Il comporte la suppression de 18 passages à niveau incluant celui de la rue Gambetta, qui a l'inconvénient de retarder considérablement la circulation routière. Pour résoudre ce problème, l'idée est de lancer un pont supérieur de 80 mètres de longueur, à une hauteur de 7m50, bordée de deux rampes.

Celles-ci prennent appui d'un côté, en plein milieu de l'école Coligny, de l'autre, dans la cité Jacquard. L'école maternelle et la cité ouvrière sont donc vouées à la démolition. A ce tableau destructeur s'ajoute la disparition de maisons anciennes situées aux alentours de l'ouvrage projeté. Haubourdin connaît une crise de logement en 1924.

La construction du pont suscite des inquiétudes et des protestations de la part des entreprises locales et notamment de la société des Ciments. Sur son terrain frappé d'emprise par l'Administration des chemins de fer, la firme industrielle possède une usine à chaux et une usine à ciment, spécialement reliées au chemin de fer. L'avenir de la société apparaît compromis, comme celui des maisons qui abritent 25 salariés. D'autres entreprises font entendre leur voix contre la construction d'un pont rue Gambetta. Elles craignent que la déclivité des rampes de passage rende le pont difficilement accessible aux lourds charrois de l'industrie et de l'agriculture.

Le plan trop coûteux est remanié en 1927 : la gare de marchandises d'Haubourdin sera améliorée et, une gare annexe ouverte.

Ainsi, le vénérable passage à niveau de la rue Gambetta a bien failli disparaître du paysage haubourdinois. Il continue de ralentir à outrance le flux de circulation routière engendrée par une intense activité économique des entreprises situées dans le quartier.

Source : Pierre BEETS - Magazine d'Haubourdin - N°34 - novembre 1999