CRESPEL Louis François Xavier Joseph (1789-1865)

Né à Lille le 22 mars 1789, ses parents, cultivateurs à Annoeuillin s'établirent comme merciers dans cette ville. Il perd son père très tôt et se trouve obligé d'abandonner ses études. Il épouse en 1809 Mademoiselle DELISSE, nom qui est souvent accolé au sien.

Dès 1810, avant même la promulgation des décrets napoléoniens, il avait établi à Lille, une fabrique expérimentale et obtenu, un des tout premiers, un échantillon de sucre de betterave.

En 1815, il installe à Arras un établissement qui devait connaître une extraordinaire prospérité (cent cinquante ouvriers pendant l'hiver et deux cent quatre-vingt dix pendant l'été, en 1827) et reçoit la visite des plus hauts dignitaires français et étrangers, parmi lesquels le duc d'Angoulême et le roi Charles X.

Pionnier de l'industrie sucrière, Crespel-Delisse n'aura de cesse de perfectionner la culture betteravière et les techniques de raffinage du sucre. En 1825, il obtient le grand prix de la société d'encouragement pour l'industrie nationale.

Par ailleurs, il accroît considérablement le réseau de ses entreprises. Propriétaire, outre sa raffinerie d'Arras, de sept sucreries dans le Pas-de-Calais, il s'implante, avant 1824 dans l'Aisne, à Villequier-Aumont et Frières-Faillouël. Par la suite, il rachètera les sucreries de Sailly le Sec et de Roye, ainsi que celle de Villeselve, en plus de Francières en 1833, acquise peut-être sur le conseil de son “ disciple ” LEDRU.

Premier fabricant d'Europe, il favorise l'expansion de cette industrie dans tous les domaines y compris celui des avancées technologiques et resserre les liens entre les industriels au-delà des frontières. Au total, en 1848 ses treize “ fabriques de sucre agricole ” couvrent une superficie de 2 274 ha et l'ensemble de son industrie produit un actif de 2 819 000 tonnes pour 2 500 000 kilogrammes de sucre obtenu.

Celle de Francières couvre à elle seule 200 hectares qui, contrairement aux autres propriétés, sont chaque année sans interruption, cultivés en betteraves qui, chose remarquable continuent “ à croître en abondance ”.

Mais une nouvelle législation va faire passer le montant de ses impôts de 300 000 francs en 1839 à 1 850 000 francs en 1841 et à partir de 1854 la nécessaire modernisation de ses usines va lui poser d'importants problèmes financiers. En 1857, il est ruiné par la hausse du taux de l'escompte et la chute du prix du sucre. Les banquiers et les notaires contribuent à peine à combler le passif de plus d'un million que lui laisse la campagne 1857 / 1858. L'État à qui il doit 474 000 francs, vend une partie de ses usines.

En 1864, NAPOLÉON III fait voter par le corps législatif une pension viagère de 6000 francs pour CRESPEL à titre de récompense nationale. Celui qui est considéré comme le fondateur de l'industrie sucrière en France meurt du choléra peu de temps après, le 21 novembre 1865.

Dernière mise à jour : 29-Aoû-2008